photos et textes

Des impressions de Christian et Mireille Bourry
la Distylerie au sténopée

Le sténopée est un procédé de prise de vue, de « mise en boîte », que Claire-Annette Mussard a exercé avec talent autour de la distylerie.

photos CA.Mussard

Quelques écrivains et non des moindres, se sont laissés inspirer par ces environs. Un de ces textes est d’Antoine de Saint-Exupéry. Extrait de Lettre à un otage chap. 3.

« C’était par une journée d’avant-guerre, sur les bords de la Saône, du côté de Tournus. Nous avions choisi, pour déjeuner, un restaurant dont le balcon de planches surplombait la rivière. Accoudés à une table toute simple, gravée au couteau par les clients, nous avions commandé deux Pernod. Ton médecin t’interdisait l’alcool, mais tu trichais dans les grandes occasions. C’en était une. Nous ne savions pourquoi, mais c’en était une. Ce qui nous réjouissait était plus impalpable que la qualité de la lumière. Tu avais donc décidé ce Pernod des grandes occasions. Et, comme deux mariniers, à quelques pas de nous, déchargeaient un chaland, nous avons invité les mariniers. Nous les avons hélés du haut du balcon. Et ils sont venus. Ils sont venus tout simplement. Nous avions trouvé si naturel d’inviter des copains, à cause peut-être de cette invisible fête en nous. Il était tellement évident qu’ils répondraient au signe. Nous avons donc trinqué !

Le soleil était bon. Son miel tiède baignait les peupliers de l’autre berge, et la plaine jusqu’à l’horizon. Nous étions de plus en plus gais, toujours sans connaître pourquoi. Le soleil rassurait de bien éclairer, le fleuve de couler, le repas d’être repas, les mariniers d’avoir répondu à l’appel, la servante de nous servir avec une sorte de gentillesse heureuse, comme si elle eût présidé une fête éternelle. Nous étions pleinement en paix, bien insérés à l’abri du désordre dans une civilisation définitive. Nous goûtions une sorte d’état parfait où, tous les souhaits étant exaucés, nous n’avions plus rien à nous confier. Nous nous sentions purs, droits, lumineux et indulgents. Nous n’eussions pas su dire quelle vérité nous apparaissait dans son évidence. Mais le sentiment qui nous dominait était bien celui de la certitude. D’une certitude presque orgueilleuse. »


Voici un joli texte et une illustration à propos du port de Fleurville, du Café de la Marine, de la Mère et du Père François, daté de l’année de la construction de la Distylerie!

Finalement, nous sommes arrivés à proximité du pont suspendu de Fleurville; comme bourry, le port à l'aubeStephen halait vivement l’Arar, suivant le virage sous le pont, ce n’était pas pour le bateau que je me sentais anxieux. Je désirais voir une certaine personne, et elle était là, lavant dans la rivière ! Vous pouvez vous demander pourquoi un si fort désir de rencontrer cette lavandière-là. La raison est qu’elle cuisine à merveille et que son mari tient un petit bistrot. Il est réellement extraordinaire de voir la façon dont on est servi dans quelques-uns de ces humbles établissements de la Saône : il faut le reconnaître. Nous avons fait un déjeuner de princes : un gros melon mûr, un plat de poissons extrêmement frais, du poulet sauté, d’excellents fromages et une abondance de poires, pêches, et raisins pour le dessert, le tout servi avec une élégance et une propreté irréprochables.

Dans la pièce ou nous avons pris notre repas, la vue donne sur la Saône. Au cours d’un précédent voyage, ayant dîné ici, nous avions une vue parfaite sur le Mont Blanc durant tout le repas. Notre hôte ignorait totalement que le Mont Blanc était visible de sa fenêtre; il l’avait toujours pris pour un nuage.

Un voyage d’été sur la rivière Saône de Philip Gilbert HAMMERTON, Londres 1887
Lettre XLIII. Port de Fleurville le 4 septembre 1886. illustration de J.PENNEL ou de GH HAMERTON


Et encore des photos en vrac de divers coins de la Distylerie, vue par divers regards
La distylerie en hiver

Photos Michel Froidevaux