Plusieurs personnalités se sont arrêtées au Café de la Marine, voisin de la Distylerie. Une plaque commémorative, réalisée par le sculpteur et céramiste Jean Pol Betton, rend hommage à l’une des plus célèbres : Antoine de Saint-Exupéry. Les aviateurs, les étudiants et amoureux du Petit Prince en pèlerinage, empruntent chaque année la Voie Bleue, pour s’arrêter à la Distylerie et rendre hommage à l’écrivain et philosophe français.
« C’était par une journée d’avant-guerre, sur les bords de la Saône, du côté de Tournus. Nous avions choisi, pour déjeuner, un restaurant dont le balcon de planches surplombait la rivière. Accoudés à une table toute simple, gravée au couteau par les clients, nous avions commandé deux Pernod. Ton médecin t’interdisait l’alcool, mais tu trichais dans les grandes occasions. C’en était une. Nous ne savions pourquoi, mais c’en était une. Ce qui nous réjouissait était plus impalpable que la qualité de la lumière. Tu avais donc décidé ce Pernod des grandes occasions. Et, comme deux mariniers, à quelques pas de nous, déchargeaient un chaland, nous avons invité les mariniers. Nous les avons hélés du haut du balcon. Et ils sont venus. Ils sont venus tout simplement. Nous avions trouvé si naturel d’inviter des copains, à cause peut-être de cette invisible fête en nous. Il était tellement évident qu’ils répondraient au signe. Nous avons donc trinqué ! »
Antoine de Saint-Exupéry, Lettre à un otage, 1943
Antoine de Saint Exupéry venait parfois avec un ami au Café de la Marine, installé dans la maison voisine de la Distylerie.
L’artiste britannique Philip Gilbert Hamerton, ardent défenseur de la gravure contemporaine s’est laissé inspirer par les délices des plats bourguignons, servis dans le charmant restaurant au bord de la Saône.
« Finalement, nous sommes arrivés à proximité du pont suspendu de Fleurville; comme Stephen halait vivement l’Arar, suivant le virage sous le pont, ce n’était pas pour le bateau que je me sentais anxieux. Je désirais voir une certaine personne, et elle était là, lavant dans la rivière ! Vous pouvez vous demander pourquoi un si fort désir de rencontrer cette lavandière-là. La raison est qu’elle cuisine à merveille et que son mari tient un petit bistrot. Il est réellement extraordinaire de voir la façon dont on est servi dans quelques-uns de ces humbles établissements de la Saône : il faut le reconnaître. Nous avons fait un déjeuner de princes : un gros melon mûr, un plat de poissons extrêmement frais, du poulet sauté, d’excellents fromages et une abondance de poires, pêches, et raisins pour le dessert, le tout servi avec une élégance et une propreté irréprochables. Dans la pièce ou nous avons pris notre repas, la vue donne sur la Saône. Au cours d’un précédent voyage, ayant dîné ici, nous avions une vue parfaite sur le Mont Blanc durant tout le repas. Notre hôte ignorait totalement que le Mont Blanc était visible de sa fenêtre; il l’avait toujours pris pour un nuage. »
Philip Gilbert Hamerton, Un voyage d’été sur la rivière Saône, 1887
Anne-Marie, la mère de Jean-Paul Sartre, est issue d’une famille d’intellectuels et de professeurs alsaciens, les Schweitzer qui y possède une maison de vacances au bord de la Saône. Sartre se lance à la nage dans les eaux de la rivière et manque de s’y noyer. Secouru par sa famille, il en sort indemne mais sa vanité en prend un coup. Humilié par cet épisode, il ne reviendra plus à Fleurville.
Le jeune Jean-Paul a 18 ans en 1923, lorsqu’il vient passer ses vacances à Fleurville, chez sa tante.
Le saviez-vous?
La Comptesse de Ségur a séjourné au château de Fleurville. Dans les malheurs de Sophie, le nom des cousines, Camille et Madeleine de Fleurville, est inspiré par le séjour de l’écrivain au village.
De nombreuses personnalités, comme les écrivains Colette et Lamartine, le naturaliste Buffon ou encore le lexicographe Larousse sont originaires de Bourgogne.
Ils ont donné leurs noms aux chambres de la Distylerie.